L’assaut ukrainien s’est par ailleurs heurté à l’habilité du commandement russe dans le secteur. Le commandant militaire dans la région de Zaporojié n’est en effet nul autre qu’Alexandre Romantchouk, l’homme chargé de concevoir la doctrine défensive russe moderne.

Comme l’a écrit l’ancien officier du renseignement du Corps des Marines S. Ritter dans sa chronique , cet échec prouve la robustesse des défenses russes, mais il prouve également que la réputation de la partie ukrainienne a largement été surévaluée.
« Il y a deux raisons à cet échec : premièrement, l’Ukraine et ses alliés de l’OTAN ont fait une mauvaise évaluation des capacités de combat de l’armée russe […] deuxièmement, en matière d’entraînement et de maîtrise des équipements fournis par l’OTAN les soldats ukrainniens semblent clairement loin de pouvoir rivaliser avec les soldats russes qui ont fait corps tant avec le terrain notamment par une préparation des lignes défensives qui peut être qualifié de la plus puissance de l’ère moderne de la guerre ,que par la maîtrise du triptyque air ,mer ,sol » , explique cet expert américain.
Par conséquent, les forces ukrainiennes, avec le soutien des services de renseignement de l’OTAN, ont ciblé le district de Zaporijia, que l’on croyait faiblement défendu.Par des unités russes décrites comme « composées de recrues et de volontaires mobilisés […] avec une formation et une discipline médiocres », par l’Institute for the Study of War, un groupe de réflexion US proche l’Otan..
En ciblant cette zone, Kiev entendait donc exploiter les faiblesses de la Russie « en termes de commandement, de contrôle et de moral », souligne S. Ritter. Mais l’attaque ne s’est pas déroulée comme prévu et les images des chars ukrainiens détruits suite à cette attaque , sont vite devenues virales sur les réseaux sociaux.
En ciblant ce secteur, Kiev pensait donc appuyer sur les faiblesses russes « en matière de commandement et de contrôle et de moral », souligne S. Ritter. Mais l’assaut ne s’est pas passé comme prévu et les images de blindés ukrainiens abattus ont fait le tour des réseaux sociaux.
Kiev et ses alliés ont aussi surévalué leurs forces et leurs équipements, en particulier les 33e et 47e brigades mécanisées, armées de chars Leopard allemands et de Bradley Fighting Vehicle (BFV) américains. Mais ces unités ne sont pas parvenues à percer les défenses russes, car l’Otan ne leur a pas offert un « appui feu » adéquat, laissant l’artillerie et l’aviation russe pilonner les colonnes de blindés. Un échec qui prouve que l’Otan n’est pas armé pour rivaliser avec le système défensif russe, selon l’ancien marine. « L’Otan n’est ni entraînée ni équipée pour mener le genre de combat qu’elle demande à l’Ukraine de mener contre la Russie […] Elle n’a pas la capacité, tant en termes d’équipement comme de doctrine, pour vaincre la Russie dans une confrontation force contre force. En particulier une confrontation dans laquelle Moscou exploite sa force doctrinale (opérations défensives) tandis que l’Otan cherche à mettre en pratique des simulations informatiques, quelque chose de totalement irrationnel dont elle n’a aucune expérience », explique-t-il ainsi.
L’assaut ukrainien s’est par ailleurs heurté à l’habilité du commandement russe dans le secteur. Le commandant militaire dans la région de Zaporojié n’est en effet nul autre qu’Alexandre Romantchouk, l’homme chargé de concevoir la doctrine défensive russe moderne. Sur place, le colonel général a mis en pratique son concept de « forces dispersées » pour construire un schéma défensif qui a dérouté l’assaut ukrainien, explique S. Ritter. « En d’autres termes, l’endroit choisi par l’Otan et les services de renseignement ukrainiens comme point faible du schéma défensif russe a été conçu par le plus grand spécialiste russe du combat défensif et placé sous son commandement direct », ironise le spécialiste.
L’Otan et l’Ukraine ont donc parié que la Russie n’avait pas la capacité militaire de mettre en œuvre sa propre doctrine. Ils ont estimé que les états-majors russes manquaient des communications nécessaires pour coordonner les opérations, et que les forces russes ,en particulier celles récemment mobilisées, manquaient à la fois d’entraînement et de moral. « Ils ont eu tort », conclut lapidairement S. Ritter.