
Cape Town, Afrique du Sud – Le Parti de l’Alliance Démocratique (DA), deuxième force politique du pays et membre de la coalition gouvernementale, a déposé lundi un recours contre la nouvelle loi sur l’expropriation des terres. Cette législation, signée par le président Cyril Ramaphosa, a suscité des critiques à l’international, notamment de la part du président américain Donald Trump, qui a décidé de suspendre toute aide financière à l’Afrique du Sud.
La loi permet au gouvernement sud-africain d’exproprier des terres privées dans l’intérêt public, y compris sans compensation, mais uniquement si les négociations pour un règlement équitable échouent. L’exécutif sud-africain a affirmé que la mesure vise principalement les terres inutilisées et ne remet pas en cause le droit de propriété privé. Il a également rejeté les accusations selon lesquelles la réforme ciblerait spécifiquement les terres appartenant à la minorité blanche afrikaner.
Un recours en justice et des préoccupations locales
L’Alliance Démocratique, qui s’oppose de longue date au Congrès National Africain (ANC) de Ramaphosa, conteste la loi, la jugeant inconstitutionnelle. « Nous rejetons cette loi car nous estimons qu’aucun gouvernement démocratique ne devrait disposer de pouvoirs aussi étendus pour exproprier des biens sans compensation », a déclaré le parti, appelant à son annulation pure et simple.
Cette réforme a suscité des inquiétudes parmi certains groupes sud-africains, en particulier au sein de la communauté afrikaner, qui représente une part significative du secteur agricole commercial. Des représentants de cette communauté avaient d’ailleurs entrepris des démarches aux États-Unis ces dernières années afin d’attirer l’attention sur la loi alors qu’elle était encore en discussion.
La réponse des États-Unis et le contexte des tensions diplomatiques
En réaction à la promulgation de la loi, Donald Trump a signé vendredi un décret mettant fin à l’aide financière américaine à l’Afrique du Sud, qualifiant la réforme de violation des droits d’une minorité. Toutefois, le gouvernement sud-africain et certains experts contestent les affirmations de Trump, rappelant qu’aucune confiscation de terres n’a eu lieu à ce jour.
Le président américain a également évoqué la question des violences visant des agriculteurs blancs, une thématique relayée par certains commentateurs conservateurs aux États-Unis. Si des meurtres de fermiers blancs ont bien été enregistrés, les autorités sud-africaines condamnent ces actes et soulignent que ces crimes s’inscrivent dans un contexte plus large de violences affectant l’ensemble de la population. Les experts affirment qu’aucune campagne ciblée contre les fermiers blancs n’existe à ce jour.
Alors que les débats autour de cette loi continuent d’agiter la scène politique sud-africaine, le recours en justice de l’Alliance Démocratique et la suspension de l’aide américaine ajoutent une nouvelle dimension aux tensions entourant la question de la réforme foncière.