
Addis-Abeba, Éthiopie – 15 février 2025 – Après près de vingt ans passés à la tête de la diplomatie djiboutienne, Mahamoud Ali Youssouf a été élu, samedi 15 février, président de la Commission de l’Union africaine (UA). Il succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat pour un mandat de quatre ans.
L’annonce a été faite par la présidence djiboutienne, affirmant que M. Youssouf a remporté l’élection avec 33 voix. Face à lui, l’opposant kényan Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et obtenu plusieurs soutiens de chefs d’État africains, faisait figure de favori. Un troisième candidat, moins médiatisé, était également en lice pour ce poste stratégique, réservé cette fois à un représentant de l’Afrique de l’Est.
Un diplomate chevronné à la tête de l’UA
Mahamoud Ali Youssouf, âgé de 59 ans, est un fin connaisseur des affaires internationales. Francophone, arabophone et anglophone, il a mené une campagne discrète mais efficace, convainquant de nombreux États membres par son expérience et sa proximité avec les cercles décisionnels de l’UA. Proche du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, il bénéficie d’un réseau influent sur la scène diplomatique africaine.
Son élection intervient à un moment critique pour l’organisation panafricaine, confrontée à de multiples crises : le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’instabilité au Soudan depuis avril 2023, ainsi que la vague de coups d’État qui a secoué plusieurs États du continent, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Gabon.
Défis et perspectives
Le nouveau président de la Commission devra naviguer entre les pressions internationales et les enjeux internes de l’Union africaine. La gestion des conflits en Afrique centrale et au Sahel, la coopération économique intercontinentale et la relation avec les grandes puissances mondiales, notamment les États-Unis et la Chine, seront au cœur de son mandat.
Lors d’un entretien avec l’AFP en décembre dernier, M. Youssouf avait souligné les défis de gouvernance sur le continent, pointant du doigt les “changements anticonstitutionnels” et les tensions entre certains États. Son approche consistera-t-elle à renforcer les mécanismes démocratiques de l’UA ou à privilégier la stabilité à tout prix ?
Son élection marque en tout cas une nouvelle ère pour l’Union africaine, alors que le continent fait face à des choix cruciaux pour son avenir.