Lors d’une conférence de presse avec le président congolais Félix Tshisekedi, le président français Emmanuel Macron a souligné que la République démocratique du Congo (RDC) ne devait pas être une prise de guerre et que le pillage éhonté du pays devait cesser. M. Tshisekedi venait de déplorer « l’agression injuste et barbare » que subit son pays. Si le ministère français des Affaires étrangères a également condamné ce soutien, Kinshasa attend de Paris des mesures concrètes contre Kigali. Macron n’a pas annoncé de sanctions, mais il a exhorté tout le monde à « prendre ses responsabilités, y compris le Rwanda ». Il a également souligné que ce qui est attendu du Rwanda et des autres acteurs, c’est leur engagement et le respect des réunions qu’ils ont sous la supervision des médiateurs. S’ils ne le font pas, il pourrait y avoir des sanctions, a-t-il déclaré sans équivoque.
En septembre dernier, le président français a essayé de faciliter une rencontre entre Félix Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame. Cependant, depuis lors, la rébellion a repris de plus belle ses avancées. Emmanuel Macron a été accusé de favoriser Paul Kagame et les mouvements citoyens ont prévenu qu’il n’était pas le bienvenu en RDCongo. Des jeunes ont manifesté contre sa visite, mais ont été rapidement dispersés. Lors de ses discussions avec les présidents angolais et congolais, ainsi qu’avec Paul Kagame, Emmanuel Macron a constaté que tous soutenaient un cessez-le-feu prévu dans un plan de désescalade pour mardi prochain. Les représentants du M23 ont également accepté cet accord lors de leur rencontre avec le président Lourenço.
Félix Tshisekedi a exprimé son scepticisme face à l’annonce de plusieurs cessez-le-feu qui n’ont jamais été respectés, disant qu’il veut voir des actions, notamment en termes de sanctions. Emmanuel Macron a également évoqué la mise en place d’un pont aérien humanitaire vers Goma, la capitale du Nord-Kivu, annoncée plus tôt dans la matinée par l’Union européenne, avec le soutien de la France.
La RDC était la quatrième et dernière étape de la tournée de M. Macron en Afrique centrale, qui l’a également conduit au Gabon pour un sommet sur la forêt, ainsi qu’en Angola et au Congo-Brazzaville. Tout au long de son voyage, M. Macron a délivré un message cohérent : La France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, souhaite développer une nouvelle relation avec l’Afrique basée sur l' »humilité » et des partenariats « responsables et équilibrés ».
Lors de sa visite à Kinshasa, M. Macron a rencontré le professeur Jean-Jacques Muyembe, qui a découvert le virus Ebola. Un partenariat a également été établi pour la cartographie et la gestion durable des abondantes ressources minérales du sous-sol congolais.
« Les nombreux acteurs puissants de la région, ainsi que les groupes rebelles, s’emparent de ces ressources… Ils viennent vous faire les poches pour boucler le mois », a souligné le président français. Des accords ont également été conclus pour l’ouverture d’une Ecole 42, grande école française de formation de développeurs informatiques, l’installation de réseaux de fibre optique dans des zones reculées de l’est de la RDC et l’électrification d’une ville du centre du pays.
« Le retour de la France en République démocratique du Congo est un acte fort, et nous espérons seulement qu’il s’agira d’un véritable nouveau départ », a déclaré Félix Tshisekedi.