Le président russe Vladimir Poutine a ouvert, ce mardi, le sommet annuel des BRICS dans la ville de Kazan, au sud-ouest de la Russie. Cet événement de trois jours, le plus grand rassemblement de dirigeants internationaux en Russie depuis des décennies, se déroule dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, soutenue par l’Occident, et les sanctions économiques imposées à Moscou.
Qu’est-ce que les BRICS ?
Les BRICS, acronyme désignant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, forment une alliance de nations émergentes créée en 2006. Leur première réunion a eu lieu en 2009, avant que l’Afrique du Sud ne rejoigne le groupe en 2010. L’objectif principal de cette alliance est de contester la domination économique et politique des pays occidentaux sur la scène mondiale.
Chaque année, un sommet est organisé par l’un des pays membres, et celui de Kazan marque la 16e édition. En 2023, les BRICS ont élargi leur cercle en invitant de nouveaux membres, tels que l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite, bien que sollicitée, n’a pas encore rejoint officiellement l’alliance.
Qui participe au sommet ?
Le sommet a réuni une vingtaine de dirigeants mondiaux. Parmi eux, on retrouve le Premier ministre indien Narendra Modi, le président chinois Xi Jinping et le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Des chefs d’État de pays souhaitant renforcer leurs liens avec les BRICS, comme le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh, participent également.
Cependant, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, victime d’une chute chez lui, a dû annuler sa venue. Le ministre des Affaires étrangères Mauro Vieira le représentera à Kazan. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a également confirmé sa présence et devrait rencontrer Poutine ce jeudi, malgré les critiques de l’Ukraine pour avoir refusé une invitation à un sommet pour la paix à Genève.
Que contient l’agenda du sommet ?
Le thème central des discussions des BRICS cette année concerne la désillusion commune face aux institutions de gouvernance mondiale dominées par l’Occident. Les sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022 ont renforcé les craintes des pays du Sud global quant à la possibilité que l’Occident utilise la finance mondiale comme une arme.
Les membres des BRICS cherchent à réduire leur dépendance au dollar américain et au système SWIFT. Bien que la création d’une monnaie commune ait été évoquée, les discussions s’orientent plutôt vers une utilisation accrue des monnaies nationales dans les échanges bilatéraux, notamment pour l’énergie.
Pourquoi ce sommet est-il crucial pour Poutine ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Poutine et la Russie sont de plus en plus isolés sur la scène internationale. En mars 2023, la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre, ce qui complique ses déplacements. En effet, l’année dernière, il a dû annuler sa participation au sommet des BRICS en Afrique du Sud, un pays signataire du Statut de Rome.
Malgré cela, ce sommet de Kazan représente un moment clé pour la Russie. En accueillant les leaders mondiaux, Poutine souhaite montrer que la Russie n’est pas coupée du monde, mais qu’elle conserve des partenaires importants tels que la Chine, l’Inde et d’autres puissances émergentes.
L’alliance BRICS, avec ses nouveaux membres, représente aujourd’hui près de 45 % de la population mondiale et 25 % du produit intérieur brut mondial, renforçant ainsi son poids géopolitique.
Quelle est la signification de ce sommet pour l’avenir ?
Le sommet de Kazan est perçu comme un moment crucial pour redéfinir l’équilibre mondial, avec une attention particulière portée sur la construction d’un ordre multipolaire. Alors que la guerre en Ukraine se prolonge, les BRICS s’imposent comme un bloc de plus en plus influent, offrant une alternative aux structures dominées par l’Occident.