
New York, le 27 février 2025 – Hier, jeudi 27 février 2025, s’est tenue à The Lee C. Bollinger Forum de l’Université de Columbia à New York une conférence-dédicace du livre Chokepoints: American Power in the Age of Economic Warfare, écrit par Edward Fishman. Professeur à l’Université de Columbia et ancien haut responsable au sein du Département d’État américain, Edward Fishman est un expert en politique internationale et en sanctions économiques. Son ouvrage analyse la montée en puissance des guerres économiques et l’utilisation stratégique des sanctions comme outil de pression géopolitique.
Durant la conférence, l’auteur a révélé la nouvelle configuration de la guerre économique, qu’il qualifie de The Age of Economic Warfare. Il a notamment illustré son propos avec des exemples historiques marquants tels que l’embargo sur l’Irak, imposé le 6 août 1990 à la suite de l’invasion du Koweït. Cet embargo s’est officiellement terminé en mai 2003, bien que des sanctions partielles soient restées en place durant plusieurs années.
Il a également abordé les sanctions contre l’Iran. En 2010, les États-Unis ont promulgué la Comprehensive Iran Sanctions Accountability and Divestment Act, instaurant un embargo sur le pétrole iranien et sanctionnant les institutions financières étrangères collaborant avec l’Iran. En 2011, ces sanctions se sont étendues à l’ensemble du système financier iranien, incluant la Banque centrale. L’Union européenne a emboîté le pas en 2012 en interdisant l’importation d’hydrocarbures iraniens et en gelant les actifs financiers de l’Iran, notamment en excluant le pays du réseau Swift.

L’auteur a souligné que pour faire appliquer ces sanctions, le gouvernement américain a exercé des pressions sur les institutions bancaires occidentales, leur indiquant qu’elles risquaient d’être coupées de l’accès au dollar, la monnaie utilisée dans plus de 60 % des transactions internationales.
Fishman a ensuite élargi son analyse à la nouvelle économie mondiale, abordant le rôle central du dollar américain, des semi-conducteurs et de la guerre commerciale. Il a établi un parallèle avec l’embargo imposé par Napoléon contre la Grande-Bretagne et a souligné que les sanctions économiques sont désormais une forme de guerre à part entière, façonnant la diplomatie des affaires.

Il a mis en avant le succès des sanctions contre l’Iran, qui ont fortement affaibli son économie. Toutefois, il a noté que ces mesures n’ont pas eu le même effet sur la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Les sanctions contre la Banque centrale russe et son exclusion du réseau Swift ont provoqué une chute du rouble pendant un mois, mais Vladimir Poutine a rapidement réagi en s’appuyant sur les revenus pétroliers. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’ayant pas suivi les directives occidentales visant à faire baisser le prix du baril, la Russie a résisté aux sanctions. Fishman a expliqué que la taille de l’économie russe, l’une des huit premières au monde, la rendait beaucoup plus résiliente que l’économie iranienne.
L’auteur a également évoqué l’éventualité d’une guerre économique contre la Chine, la deuxième puissance économique mondiale. Il a averti que, tout comme pour la Russie, une telle confrontation aurait des répercussions néfastes sur l’économie américaine, notamment en augmentant le coût de la vie aux États-Unis.
En conclusion, lors de la séance de questions-réponses, Fishman a insisté sur le fait que la guerre économique ne devrait être déclenchée qu’en cas de menace vitale pour un pays. Il a souligné les conséquences humanitaires des embargos, notamment l’interdiction d’exporter des médicaments vers les pays sous sanctions, mettant ainsi en lumière les dilemmes éthiques de cette stratégie.