Par Nstama Claire Lolita , Ottawa, 28 février 2025

Ottawa, Canada — Dans un climat de tension économique et politique, les quatre candidats à la direction du Parti libéral du Canada se sont affrontés mardi soir lors d’un débat électrique, où la question centrale a été : comment contrer les menaces tarifaires de Donald Trump, dont les mesures protectionnistes visant le Canada entreront en vigueur le 4 mars.
Un Front Uni Contre Trump, des Stratégies Divergentes
Annonçant des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations canadiennes (10 % sur l’énergie) et relançant ses provocations – dont l’idée que le Canada devienne « le 51e État américain » –, Donald Trump domine la course à la succession de Justin Trudeau. Les prétendants libéraux, unanimes à dénoncer une « atteinte à la souveraineté », ont dévoilé des plans contrastés pour riposter.
Mark Carney, favori des sondages et ex-gouverneur de la Banque d’Angleterre, a mis en avant son expérience des crises financières. « Nous ne pouvons pas contrôler Trump, mais nous pouvons maîtriser notre destin économique », a-t-il martelé, promettant des tarifs « dollar pour dollar » ciblés pour minimiser l’impact sur le Canada. Il propose aussi une alliance avec les premiers ministres provinciaux pour un front national.
Chrystia Freeland, ex-ministre des Finances et négociatrice de l’ACEUM (accord Canada–États-Unis–Mexique), a joué la carte de la fermeté. « J’ai le plan, l’expérience et le courage de dire à Trump que le Canada n’est pas à vendre. S’il nous frappe, nous riposterons », a-t-elle lancé, évoquant des tarifs de 100 % sur les Tesla et des sanctions contre le jus d’orange de Floride et les produits laitiers du Wisconsin – deux États clés pour Trump.
Frank Baylis, homme d’affaires montréalais, mise sur une alliance avec le Mexique. « Nous devons travailler avec la présidente Claudia Sheinbaum pour créer une stratégie unifiée et des contre-tarifs intelligents », a-t-il plaidé, soulignant l’importance de protéger les emplois canadiens.
Enfin, Karina Gould, ex-leader parlementaire, prône une approche « Équipe Canada » pour sensibiliser les citoyens et entreprises américains. « Ce sont eux qui subiront les conséquences des tarifs. Nous devons leur expliquer que ce n’est pas notre choix », a-t-elle expliqué, appelant aussi les Canadiens à boycotter la Floride et ses produits.
Urgence Politique : Un Gouvernement au Bord du Gouffre
La course survient dans un contexte de crise pour les libéraux. Après la démission surprise de Freeland en décembre, Justin Trudeau a annoncé son retrait le 6 janvier, forçant un congrès d’urgence. Le nouveau chef, élu le 9 mars, pourrait devenir le premier ministre au mandat le plus court de l’histoire canadienne : les trois partis d’opposition ont promis de renverser le gouvernement minoritaire libéral dès la reprise du Parlement le 24 mars.
Un cinquième candidat, l’ex-députée Ruby Dhalla, a été exclu de la course pour violation des règles, ajoutant une note de controverse à cette succession agitée.
Au-Delà de Trump : Santé, Armée, et Défis Intérieurs
Si Trump a dominé les échanges, les candidats ont aussi abordé des enjeux domestiques. Carney a promis de « moderniser en profondeur » le système de santé, tandis que Gould a insisté sur l’abordabilité du logement. Baylis, lui, a plaidé pour un renforcement militaire face aux « nouvelles menaces globales ».
La veille, un débat en français à Montréal avait déjà mis en lumière ces divisions stratégiques, sans toutefois modifier les dynamiques de la course.
Ce qu’il Faut Retenir
- Carney mise sur l’expertise économique et des tarifs « miroir ».
- Freeland brandit l’expérience de l’ACEUM et promet des sanctions ciblées.
- Baylis veut une alliance Canada-Mexique, Gould une pression citoyenne.
- Le nouveau chef libéral devra affronter Trump dès le 4 mars… et une motion de censure le 24.
Alors que l’ombre de Trump plane, les libéraux canadiens jouent leur survie politique. Reste à savoir si leur futur chef pourra transformer les mots en actes – avant que le temps ne s’épuise.