EBYA en pleine dérive : le Board of Presidents reprend le contrôle pour stabiliser et relancer la fédération

New York, 21 septembre 2025  La Fédération  EBYA (Ekang Besse Y’ Amerka)  vit une crise institutionnelle ouverte.

Le samedi 20 septembre 2025, le  Board of Presidents  a organisé une conférence Zoom, largement suivie par la diaspora ekang, pour dresser un état des lieux et débattre du thème : « Dysfonctionnement d’une fédération , Le cas EBYA ». L’initiative fait suite à l’exclusion jugée fantaisiste et anti-statutaire de quatre vice-présidents du bureau exécutifet de la Directrice de département de la culture Présidente de l association Afiri Ekang . Cet acte, loin d’apaiser les esprits, a mis en lumière un climat de méfiance et d’instabilité institutionnelle, révélant des tensions plus profondes autour de la gouvernance et de la capacité du président actuel à diriger une instance fédérative de ce niveau .

Un contexte de rupture

Depuis le congrès de Washington en 2024, censé consolider l’unité fédérale après l’élan de Houston, la Fédération EBYA est traversée par des divisions. Les critiques portent notamment sur :

* la légitimité du président élu, contestée par une grande  partie des membres ;

* l’absence de textes fondateurs clairs (statuts, règlement intérieur) pour encadrer la gouvernance ;

* le manque de transparence dans les prises de décisions, qui a alimenté suspicion et frustration.

L’exclusion jugée fantaisiste et anti-statutaire de quatre vice-présidents du bureau exécutif et de la directrice du département culturel , a agi comme un catalyseur, transformant un malaise latent en véritable crise ouverte. Plusieurs membres du Board of Presidents ont dénoncé la manière dont cette décision a été prise, en dehors des règles en discussion et sans consensus fédératif.

Face à ce climat de défiance, le Board of Presidents a jugé nécessaire de réagir. Le modérateur de la rencontre, Tara Assiga, a justifié la démarche :

« Nous avons choisi de dire la vérité à notre communauté. Cette campagne d’information vise à rétablir la confiance et à montrer que le Board reste mobilisé pour assainir la gouvernance de la fédération. »En lançant cette initiative, les présidents affirment vouloir éclairer la diaspora sur les origines du dysfonctionnement, dénoncer les pratiques jugées contraires aux principes fédératifs, et ouvrir la voie à une réforme en profondeur.

Une rencontre de haut niveau

La conférence Zoom du 20 septembre 2025, modérée par  Tara Assiga , a réuni plusieurs personnalités associatives de premier plan :

* Queen Mbeza, présidente d’Afiri Ekang Montréal ;

* Marie-Jeanne Embolo Abena, présidente de Nkul Beti Minnesota ;

* Paul Nanga Nanga, président d’Oyili Beti Atlanta ;

* Damas Mvogo, président de Nkul Beti Chicago ;

* Alfred Nomo, président de Nkul Beti Ohio ;

* ainsi que Me Gervais Engbang, conseiller juridique du Board.

Tous ont pris la parole pour exposer leur lecture des événements et proposer des pistes de sortie de crise.

 Les causes du malaise : entre légitimité et gouvernance

Paul Nanga Nanga, président d’Oyili Beti Atlanta et membre influent du Board of Presidents, a quant à lui situé la genèse du conflit au congrès de Washington en 2024. Pour lui, c’est à ce moment précis que le passage d’une logique souple d’associations autonomes vers une structure fédérative hiérarchisée a révélé ses failles. Cette mutation, censée donner plus de cohésion et de poids à la communauté, a en réalité éveillé des résistances fortes. « La transition entre associations autonomes et une fédération structurée a créé des résistances », a-t-il expliqué, pointant du doigt la difficulté de certains responsables à accepter un cadre commun et contraignant. Selon lui, plusieurs leaders ont eu le sentiment d’être dépossédés de leurs prérogatives antérieures, ce qui a nourri frustrations et tensions. Cet affrontement entre la volonté de construire une fédération forte et les réticences liées à la perte d’autonomie a constitué, selon M. Nanga Nanga, le terreau du malaise qui mine aujourd’hui l’EBYA.

Queen Mbeza, cofondatrice de la fédération et présidente d’Afiri Ekang Canada, est revenue avec force sur les premiers instants du projet fédératif. Elle a rappelé l’atmosphère fraternelle et l’enthousiasme collectif qui avaient marqué le congrès fondateur de Houston, véritable point de départ d’une dynamique de rassemblement de la diaspora ekang. « Tout avait débuté dans un élan de fraternité et de solidarité », a-t-elle insisté, soulignant combien l’esprit d’unité animait alors les différents leaders associatifs. Mais cet élan s’est heurté à un tournant délicat lors du congrès de Washington en 2024. Selon elle, la question de la légitimité du président élu a très vite cristallisé les débats et fissuré la confiance entre dirigeants. « À Washington, la question de la légitimité du président a surgi, et, une fois élu, ses attitudes n’ont fait qu’accentuer la fracture », a dénoncé Mme Mbeza, regrettant que la dynamique fraternelle des débuts ait été remplacée par des postures autoritaires et clivantes, sources d’un malaise profond au sein de la fédération.

Marie-Jeanne Embolo Abena, présidente de Nkul Beti Minnesota, a livré un témoignage personnel empreint de conviction et d’engagement. Elle a expliqué que, malgré les divisions et les tensions qui commençaient déjà à fissurer la jeune fédération, son association avait choisi de rester dans le processus. Pour elle, il s’agissait d’un moment historique à ne pas manquer : celui où les Américains d’origine ekang pouvaient enfin dépasser leurs clivages pour se doter d’une structure fédérative crédible et durable. « Le moment était venu pour les Américains d’origine ekang de se rassembler et de donner une force commune à leurs initiatives », a-t-elle affirmé, rappelant que la dispersion des énergies affaiblissait jusque-là la communauté. En s’impliquant activement, Mme Embolo Abena a voulu démontrer que la fédération, malgré ses imperfections, offrait une opportunité unique de mutualiser les efforts, de renforcer la visibilité de la diaspora et de donner plus de poids aux actions menées des États-Unis vers le Cameroun et au-delà..

 Le regard juridique : un déficit de textes fondateurs

L’analyse la plus sévère est venue du conseiller juridique, Me Gervais Engbang, qui a mis en lumière le déficit normatif au cœur de la crise. Selon lui, le congrès de Washington, censé consacrer l’adoption des textes fondateurs de la fédération, n’a pas respecté les exigences élémentaires de validité juridique.

Il a dénoncé ce qu’il appelle une « légitimation de façade », expliquant que :

« Après Washington, les bases juridiques de la fédération n’étaient pas solidement établies. Certains ont feint que les statuts étaient adoptés, alors qu’ils ne l’étaient pas. C’est un manquement grave qui a nourri la méfiance. »

Dans son analyse, Me Engbang a rappelé que toute fédération ou association se doit, pour être reconnue et fonctionner dans la durée, de s’appuyer sur un corpus juridique clair : des statuts dûment votés par l’assemblée générale constitutive et un règlement intérieur validé. En l’absence de ces instruments, la fédération évolue dans une zone d’insécurité juridique, où la légitimité des organes élus peut être contestée à tout moment.

Pour lui, seule l’adoption claire, régulière et définitive de ces textes permettra de redonner un cadre stable, crédible et opposable aux membres de l’organisation. Faute de quoi, toute décision notamment des exclusions reste vulnérable aux accusations d’arbitraire et d’illégalité, ce qui fragilise l’ensemble du projet fédératif.

 Des présidents mobilisés pour redresser la barre

Au cours des échanges, deux voix particulièrement écoutées se sont faites entendre : celle de Damas Mvogo, représentant de la communauté de Chicago, et celle d’Alfred Nomo, président de l’association de l’Ohio. Tous deux ont tenu à rappeler que des efforts substantiels avaient déjà été déployés pour donner une véritable ossature à la fédération. Mvogo a insisté sur les initiatives visant à élaborer des projets de textes fondateurs, tandis que Nomo a mis en avant l’importance d’organiser des congrès plus structurés, capables de rassembler les différentes antennes locales autour d’un calendrier et d’objectifs communs.

Cependant, leur discours ne s’est pas limité aux réussites. Dans une lucidité partagée, ils ont reconnu que les divisions internes demeuraient un obstacle sérieux. Ces tensions, parfois alimentées par des rivalités personnelles, ont déjà mené à des situations extrêmes, comme la scission d’associations locales à Houston, exemple qu’ils ont cité comme un avertissement

Pour ces deux responsables, l’enjeu dépasse largement les ambitions individuelles : « L’unité de la fédération, ont-ils souligné d’une même voix, est conditionnée par notre capacité à surmonter les querelles personnelles et à placer les règles communes au-dessus des intérêts particuliers. » Ainsi, leurs interventions, complémentaires et convergentes, ont réaffirmé qu’un avenir fédérateur ne peut se bâtir que sur la primauté du collectif et le respect des normes partagées, gages de crédibilité et de pérennité.

Le modérateur  Tara Assiga  a rappelé la finalité de cette série de rencontres publiques :

 Nous avons pris la décision courageuse de dire la vérité à notre communauté, sans détour ni compromis. Cette campagne d’information n’est pas une simple communication de circonstance : elle s’inscrit dans une démarche de transparence, destinée à rétablir la confiance entre les membres et leurs représentants. À travers cette initiative, le Board of Presidents veut démontrer qu’il demeure pleinement mobilisé pour assainir la gouvernance de la fédération, mettre fin aux zones d’ombre et instaurer une culture de responsabilité partagée.

 Enjeux et perspectives

La crise actuelle révèle un double enjeu :

1. Sur le plan institutionnel Il est impératif de définir et d’adopter, sans la moindre ambiguïté, des textes fondateurs solides. Ces textes devront constituer la charpente juridique et organisationnelle de l’EBYA, garantissant ainsi une gouvernance claire, transparente et équitable. L’absence de repères normatifs précis a trop longtemps alimenté les incompréhensions et les conflits internes. L’adoption de règles communes et contraignantes permettra non seulement de mettre fin aux zones grises, mais aussi de restaurer l’autorité légitime des instances dirigeantes.
2. Sur le plan communautaire L’enjeu majeur demeure le rétablissement de l’unité et de la crédibilité de la fédération auprès des Ekangs de la diaspora en Amérique du Nord, mais aussi vis-à-vis des communautés-mères du Cameroun, du Gabon, de la Guinée équatoriale et de Sao Tomé-et-Principe. Aujourd’hui, les divisions affaiblissent la portée culturelle et sociale du projet, réduisant sa capacité à jouer pleinement son rôle de catalyseur identitaire et de moteur de solidarité transnationale. Restaurer la cohésion suppose de dépasser les clivages personnels et de replacer au centre l’intérêt supérieur de la communauté ekang dans son ensemble.

Vers un avenir commun Si la démarche engagée par le Board of Presidents marque un pas décisif vers la transparence et la réforme, l’avenir de l’EBYA dépendra de sa capacité à sortir durablement de la logique des rivalités internes. L’organisation doit s’inscrire dans une dynamique collective, respectueuse à la fois des règles communes et des aspirations profondes de la communauté. C’est à ce prix que l’EBYA pourra retrouver son ambition initiale : devenir une structure forte, respectée et légitime, porteuse de valeurs de solidarité, de justice et de développement culturel partagé.

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