
La Russie lance une expédition scientifique sans précédent pour évaluer les ressources halieutiques africaines
Le 21 août 2024, la Russie a lancé sa plus grande expédition scientifique maritime, visant à évaluer l’état des ressources biologiques aquatiques dans les zones économiques exclusives (ZEE) de 18 pays africains bordés par les océans Atlantique et Indien. Cette initiative, organisée par l’Agence russe des pêches (VNIRO), s’inscrit dans un projet fédéral soutenu par les plus hauts dirigeants russes et se poursuivra jusqu’au début de l’année 2026.
L’objectif principal de cette mission est d’offrir une analyse complète de la biodiversité marine, des stocks de poissons, et des écosystèmes marins dans les régions concernées. À travers cette expédition, la Russie entend poser les bases d’une gestion plus durable et rationnelle des ressources halieutiques africaines, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour sa propre flotte de pêche.
Deux navires de recherche, l’Atlantniro et l’Atlantide, ont été mobilisés pour cette opération d’envergure. L’Atlantniro explorera les eaux du Maroc, de la Mauritanie, du Nigeria, du Cameroun, de Sao Tomé-et-Principe, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de la République du Congo et de l’Angola. De son côté, l’Atlantide concentrera ses recherches sur les eaux de la Mauritanie, du Sénégal, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, de la Sierra Leone, du Mozambique, de Madagascar, de l’île Maurice, de l’Érythrée, ainsi que d’Oman.
Cette expédition implique une collaboration étroite avec des spécialistes africains, symbolisant la volonté de la Russie de renforcer ses relations économiques avec le continent. «La Russie n’a jamais mené de recherche de cette envergure, et la pratique mondiale n’a pas encore connu d’équivalent», a déclaré le directeur de VNIRO, soulignant l’aspect pionnier de cette initiative. Cette coopération scientifique marque un tournant dans les relations russo-africaines, particulièrement dans le secteur de la pêche, où la Russie espère non seulement améliorer la gestion des ressources, mais aussi accroître ses exportations de produits de la mer.
Un contexte géopolitique favorable
Cette mission intervient à un moment clé des relations entre la Russie et l’Afrique. Lors du sommet Russie-Afrique en juillet 2024, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que l’Afrique était en train de devenir un nouveau centre de pouvoir, tant sur le plan politique qu’économique. «Chacun devra prendre en compte cette réalité objective», a-t-il déclaré, soulignant la montée en puissance du continent sur la scène internationale.
Au mois d’avril, Poutine avait d’ailleurs tenu une réunion avec Ilia Chestakov, chef de l’Agence fédérale des pêches, pour discuter de cette expédition. Ce dernier avait informé le président des objectifs de cette mission d’envergure, indiquant que le financement était déjà sécurisé et que des préparatifs étaient en cours avec les partenaires africains.
L’expédition, en plus de fournir des données scientifiques cruciales, est vue comme une opportunité pour la Russie de renforcer sa position géopolitique en Afrique, un continent stratégique où de nombreux pays voient d’un bon œil la diversification de leurs partenaires internationaux. Pour la Russie, cela représente également une occasion d’affirmer sa présence économique dans des secteurs où elle a été historiquement moins impliquée, comme celui de la pêche.
Une coopération prometteuse
Pour les pays africains impliqués, cette expédition offre une opportunité précieuse d’obtenir des informations actualisées et précises sur leurs ressources halieutiques, ce qui pourrait les aider à mieux planifier l’exploitation de ces dernières et à s’assurer que cette exploitation soit durable à long terme. La coopération avec la Russie, qui se veut aussi technique que politique, s’étend au-delà de la pêche, avec des ramifications potentielles dans d’autres secteurs économiques.
Alors que l’expédition russe se poursuit, elle symbolise non seulement un approfondissement des liens entre Moscou et ses partenaires africains, mais aussi une nouvelle ère de coopération dans la gestion des ressources naturelles, au profit des économies africaines et de la biodiversité mondiale.