Interpol, en collaboration avec Afripol, a réalisé une avancée majeure dans la lutte contre la cybercriminalité en Afrique avec l’opération Serengeti. Conduite entre le 2 septembre et le 31 octobre, cette initiative a permis l’arrestation de 1 006 suspects dans 19 pays africains, un chiffre nettement supérieur aux 25 arrestations enregistrées lors des opérations similaires au cours des deux dernières années.
Des résultats sans précédent
Selon Jalel Chelba, directeur exécutif d’Afripol, « l’opération Serengeti a considérablement renforcé le soutien aux forces de l’ordre dans les États membres de l’Union africaine. » Enrique Hernandez Gonzalez, directeur adjoint des opérations de lutte contre la cybercriminalité d’Interpol, a également souligné les progrès accomplis : « Les pays participants ont amélioré leur capacité à exploiter le renseignement et à produire des résultats significatifs. »
Parmi les opérations marquantes, la police kényane a procédé à une vingtaine d’arrestations dans une affaire de fraude en ligne par carte de crédit, liée à des pertes estimées à 8,6 millions de dollars. Au Sénégal, les autorités ont démantelé une arnaque de type Ponzi impliquant six millions de dollars et arrêté huit suspects, dont cinq ressortissants chinois.
Des menaces diversifiées et émergentes
L’opération a également ciblé des réseaux criminels variés :
- Au Cameroun, un groupe exploitait une arnaque de marketing à plusieurs niveaux pour la traite d’êtres humains.
- En Angola, une organisation internationale gérait un casino virtuel illégal.
- Au Nigeria, un réseau frauduleux de cryptomonnaies a été démantelé.
Chelba a indiqué qu’Afripol se concentre désormais sur les menaces émergentes, telles que les logiciels malveillants alimentés par l’intelligence artificielle et les techniques de cyberattaques avancées, afin de prévenir de futures attaques.
Une coopération renforcée
Avec ses 196 pays membres, Interpol joue un rôle crucial dans la coordination des efforts internationaux pour lutter contre des crimes transfrontaliers comme le terrorisme, la cybercriminalité et la traite humaine. Serengeti démontre l’efficacité de cette collaboration, notamment grâce au rôle clé joué par les forces de l’ordre locales et les partenaires privés.
Interpol reste toutefois confrontée à des défis croissants, notamment la gestion d’un volume accru de cybercrimes et de crimes financiers, tout en opérant avec un budget relativement limité de 176 millions d’euros, bien inférieur à celui de certaines agences comme Europol (plus de 200 millions d’euros) ou le FBI (11 milliards de dollars).
Un modèle pour l’avenir
L’opération Serengeti marque un tournant pour la lutte contre la cybercriminalité en Afrique. « Cette réussite constitue une augmentation drastique par rapport aux années précédentes », a conclu Gonzalez, appelant à poursuivre les efforts pour consolider les avancées.
Avec cette opération, Interpol et Afripol démontrent leur engagement à s’attaquer aux réseaux criminels de plus en plus sophistiqués, tout en renforçant les capacités des pays africains à répondre aux cybermenaces globales.