L’Afrique, marquée par des décennies de colonisation et des luttes pour l’indépendance, se retrouve aujourd’hui face à un défi majeur : trouver un modèle de gouvernance qui corresponde à ses réalités locales tout en favorisant la stabilité politique et le développement. C’est dans cette perspective qu’Olivier Jan Sonkeng, ingénieur et entrepreneur camerounais, a lancé une réflexion audacieuse en proposant un nouveau modèle de démocratie, qu’il appelle la « Démocratie Délibérative. »
Selon Sonkeng, les systèmes démocratiques actuels, souvent inspirés des anciens colonisateurs, ne répondent pas toujours aux besoins des peuples africains. Dans un contexte où la corruption, le clientélisme et l’exclusion des minorités sont omniprésents, il propose une solution innovante qui mettrait l’accent sur la participation citoyenne et le dialogue public.
Qu’est-ce que la Démocratie Délibérative ?
Le principe fondamental de la démocratie délibérative est la participation active des citoyens aux débats publics. Contrairement aux démocraties traditionnelles où les citoyens se limitent à voter, ce modèle valorise la discussion, la recherche de consensus, et une prise de décision éclairée. Sonkeng souligne l’importance de la délibération rationnelle, loin des manipulations médiatiques et des émotions exacerbées qui peuvent influencer les votes.
« Nous devons repenser notre manière de faire de la politique, » déclare Sonkeng. « La démocratie délibérative offre un espace où les citoyens, en particulier ceux qui sont souvent marginalisés, peuvent s’exprimer, participer activement et avoir un impact direct sur les décisions qui affectent leur quotidien. »
Une solution aux défis africains
Olivier Jan Sonkeng soutient que ce modèle de démocratie est particulièrement adapté aux pays africains où les systèmes politiques hérités du colonialisme ne répondent pas toujours aux réalités locales. Dans de nombreuses nations africaines, la cohabitation entre les structures traditionnelles de pouvoir (comme les chefferies) et les institutions modernes crée des tensions, et la démocratie délibérative pourrait offrir un compromis entre ces deux mondes.
« Les comités villageois délibératifs pourraient devenir des lieux où les leaders traditionnels, les citoyens, les femmes, les jeunes et les minorités se réuniraient pour discuter des enjeux locaux et prendre des décisions en consensus, » explique Sonkeng. Cette approche permettrait de mieux intégrer les citoyens dans la prise de décision, en respectant les spécificités culturelles tout en assurant une gouvernance plus inclusive.
Des outils pragmatiques pour renforcer la participation
Pour que ce modèle soit réellement efficace en Afrique, Sonkeng propose des moyens concrets pour l’implémenter, en tenant compte des réalités locales :
- Les comités villageois délibératifs : Ces comités offriraient un forum où les citoyens et les leaders traditionnels discuteraient des questions locales et prendraient des décisions collectives. Cela permettrait une gouvernance plus participative et plus ancrée dans les réalités locales.
- Technologies adaptées : Dans les zones où l’accès à Internet est limité, Sonkeng suggère l’utilisation de technologies simples comme les SMS, les radios communautaires, ou les sondages téléphoniques pour élargir la participation citoyenne.
- Éducation civique : Former les citoyens, en particulier les jeunes et les femmes, à la délibération collective et à l’analyse des informations serait crucial pour leur permettre de participer activement aux débats politiques.
- Lien entre le local et le national : Les décisions prises au niveau local par les comités villageois devraient être relayées aux instances régionales et nationales afin que les priorités locales soient prises en compte au plus haut niveau de l’État.
Un modèle pour l’avenir de l’Afrique ?
Pour Olivier Jan Sonkeng, la démocratie délibérative pourrait offrir à l’Afrique une opportunité unique de créer un système politique qui corresponde à ses réalités et qui favorise une gouvernance plus inclusive. En intégrant à la fois les traditions et les technologies modernes, ce modèle pourrait aider à combattre les dérives autoritaires, réduire la corruption, et renforcer la légitimité des gouvernements africains.
« Il est temps que l’Afrique définisse son propre modèle démocratique, un modèle qui ne soit pas simplement importé de l’Occident mais qui soit en phase avec les besoins et les aspirations de ses peuples, » conclut Sonkeng. Avec cette approche, l’Afrique pourrait non seulement améliorer la qualité de ses gouvernements, mais aussi devenir un exemple de démocratie participative pour le monde entier.
La réflexion de Sonkeng ne manquera pas de susciter des débats, mais elle représente une piste sérieuse pour répondre aux défis démocratiques du continent. Reste à savoir si cette vision sera entendue et adoptée par les dirigeants africains, souvent réticents à remettre en question les systèmes en place.
Note : La Démocratie Délibérative est un modèle qui pourrait transformer la façon dont les Africains participent à la vie politique, en plaçant le citoyen au cœur des débats.