
Par Franck Nama Correspondant(e) à Washington
Washington, D.C. — L’administration Trump intensifie sa campagne de déportations massives, multipliant les arrestations spectaculaires et les raids médiatisés pour convaincre l’opinion publique de sa détermination. Pourtant, malgré les images choc et les déclarations fracassantes, les objectifs annoncés par l’ancien et actuel président des USA Donald Trump des « millions » d’expulsions restent hors de portée sans un financement fédéral massif.
Une Machine Répressive en Attente de Carburant
Ces dernières semaines, les agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont ciblé des étudiants étrangers, perquisitionné des lieux de travail et expédié des détenus vers des prisons ultra-sécurisées, comme le centre pénitentiaire de El Salvador, en invoquant des lois d’exception datant de l’ère John Adams. Ces opérations, bien que destinées à marquer les esprits, ne représentent qu’une infime partie des ambitions affichées.
« Nous avons besoin de plus d’argent », a déclaré Tom Homan, ancien directeur de l’ICE et actuel conseiller de Trump sur les questions migratoires. « Nous ne échouerons pas si nous obtenons les ressources nécessaires. »
Les républicains, via le processus de réconciliation budgétaire, préparent une injection financière historique pour l’ICE : 175 milliards de dollars sur dix ans selon le Sénat, 90 milliards selon la Chambre des représentants. À titre de comparaison, le budget annuel actuel de l’ICE est d’environ 9 milliards.
Privatisation et Optimisation Logistique
Avec ces fonds, l’agence prévoit :
- Recruter des milliers d’agents et étendre les partenariats avec les forces de police locales.
- Sous-traiter massivement à des entreprises privées (comme CoreCivic et Geo Group, géants des centres de détention) la traque, l’arrestation et l’expulsion des migrants.
- Digitaliser la chasse aux sans-papiers, avec l’aide de sociétés comme Palantir, pour optimiser le ciblage via l’analyse de données (réseaux sociaux, dossiers fiscaux, etc.).
Lors d’un récent sommet sur la sécurité frontalière en Arizona, Todd Lyons, directeur par intérim de l’ICE, a comparé le système d’expulsion à « Amazon Prime, mais avec des êtres humains », provoquant l’indignation des associations de défense des migrants.
Des Cibles de Plus en Plus Larges
Si l’administration affirme prioriser les criminels, Tom Homan a évoqué un « élargissement progressif du champ », incluant finalement tout immigré en situation irrégulière. Des bases de données sensibles, comme celles de l’IRS (fiscalité) ou de HUD (logement), sont désormais partagées avec le DHS pour identifier des millions de personnes.
Parmi les cibles potentielles :
- 1,5 million de migrants admis sous le statut de parole sous Biden.
- 1 million de titulaires du TPS (statut de protection temporaire), menacés de perdre leur droit au séjour.
Obstacles et Résistances
Malgré ces moyens, l’objectif d’un million d’expulsions par an semble inatteignable sans :
- L’adhésion des comtés ruraux, où les sherfs hésitent à sacrifier leurs relations communautaires (comme dans le Kentucky ou l’Idaho).
- Une augmentation drastique des centres de détention (passer de 40 000 à 100 000 lits).
Conclusion : L’administration Trump joue une partie d’échecs politico-médiatique. Si les fonds sont votés, la machine répressive pourrait atteindre une échelle industrielle. Mais les résistances locales, les contraintes logistiques et les batailles juridiques promettent un combat long et incertain.
À suivre.
Éléments à inclure en boîte ou encadré :
- Chiffres clés : 7 millions de noms transmis par l’IRS / 49 000 détenus actuels / 175 Md$ demandés.
- Citation marquante : « Un Amazon Prime… mais avec des humains » — Todd Lyons, ICE.
- Contexte : Rappel des 2M d’entrées illégales annuelles sous Biden (argument utilisé par Trump).